Lundi 2 août matin
Par Patrick Llored
Partons d'une vérité biographique impressionnante pour quiconque s'intéresse à la question animale:Jacques Derrida (1930-2004) aura été, au vingtième siècle, l'un des très rares grands philosophes, peut-être même le seul, à avoir consacré la majeure partie de ses réflexions aux animaux!
Ils sont partout présents dans ses pensées et dans ses livres! Pas une région de son oeuvre qui ne leur laisse la place centrale! Il aura, avec la même passion du début à la fin, abordé les questions fondamentales de la philosophie (qu'est-ce que vivre? qui est autrui? qu'est-ce que mourir?) en prenant en compte, ensemble et à la fois, les animaux et les hommes. Pas de philosophie digne de ce nom sans la présence de l'animalité en son cœur! Pas de pensée véritable sans la création de concepts philosophiques permettant de penser la condition animale mais aussi et surtout prêts à devenir, ces concepts, de véritables armes critiques au service de la libération animale. Ce sont précisément ces outils de lutte intellectuelle qui seront présentés dans leur radicalité et qui nous feront comprendre que Derrida offre à ceux qui veulent bien faire l'effort de le lire et de le comprendre, l'arsenal théorique le plus neuf, novateur, singulier, susceptible de renouveler l'argumentation des défenseurs de la cause animale! La philosophie la plus proche des préoccupations de ceux qui luttent pour libérer les animaux de la domination humaine! L'éthique animale la plus respectueuse de ce qu'est la condition de vivant! La réflexion politique la plus subversive en matière de «droits animaux»!
Il les aura donc profondément aimés ces vivants non humains, il leur aura témoigné une véritable passion présente tout au long de sa vie de philosophe, il aura cherché, comme personne, à les libérer, et, en ce sens, il aura été bien seul!