Estivales de la Question animale

Est-il vraiment possible
de ne pas être anthropocentriste?

Intervention par Bernard Baertschi aux Estivales 2007, le lundi 6 août matin.

Résumé de l'intervention

Bernard Baertschi, philosophe de formation, est Maître d'enseignement et de recherche à l'Institut d'éthique biomédicale de l'Université de Genève. Il fait partie de la Commission nationale (suisse) d'éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain et de la Commission de l'Académie suisse des sciences sur l'expérimentation animale. Il a publié plusieurs livres sur la philosophie française du 18e siècle et sur l'éthique, notamment Enquête philosophique sur la dignité (Genève, Labor et Fides, 2005).

Quand on se demande comment on doit traiter un être, on y répond en invoquant quelque propriété de cet être. Par exemple, et c'est un exemple classique, on dit qu'il est immoral d'instrumentaliser une personne humaine car elle est douée d'autonomie ou possède une conscience morale. Ce schéma de pensée a été appliqué à l'animal, et l'une des réponses qui y a été donnée a été d'exiger une certaine forme de bienfaisance envers les animaux parce qu'ils ont des intérêts (notamment celui de ne pas souffrir). La tradition utilitarisme, de Bentham à Singer, adopte cette attitude, arguant de la sensibilité des animaux pour exiger une prise en considération de leurs intérêts. Bref, la sensibilité est la propriété qui confère à celui qui la possède un poids moral (en termes kantiens. on dira qu'elle fait de l'être qui la possède un membre de la communauté morale).

Cette position rencontre toutefois certaines difficultés, que je me propose d'examiner:

La question de la gestion des conflits est cruciale, y compris chez les auteurs qui veulent attribuer des droits (au sens strict) aux animaux, comme Tom Regan. À mon sens, il est impossible de la résoudre sans faire appel à une certaine forme d'anthropocentrisme, ou plutôt à un principe de proximité morale qui accorde un poids moral aux êtres non-humains en fonction de leur proximité par rapport à l'humain. Est-ce de l'espécisme? J'espère pouvoir montrer que ce n'est pas le cas, ou du moins que ce n'est pas une forme d'espécisme qui succombe à l'argument singerien.

Texte de l'intervention

Le texte de l'intervention de Bernard Baertschi est disponible mis en page en version pdf et en version rtf.