Ceci est le compte-rendu des organisateurs. On trouvera sur une autre page les témoignages que certains participants nous ont fait parvenir.
Arrivée des participants.
Repas du soir puis discussion sur l'organisation (tâches pratiques : menus, courses, vaisselle, navette, ménage) et sur le programme de la semaine (horaires des discussions, règles de tour de parole pour les débats).
Une proposition de menu avait été élaborée afin de faciliter les courses.
Il a été décidé et annoncé que les menus seraient supplémentés en vitamine B12.
Après avoir énuméré divers avantages à la promotion du veganisme comme le côté pratique d'avoir un mot qui résume des pratiques personnelles, l'universalité du mot, le fait qu'il soit moderne, identitaire (ce qui peut donner envie à diverses personnes de faire partie du groupe) et finalement qu'il implique le refus d'être contraint de manger des produits animaux, même cachés, Cécile a souligné les dérives du penchant communautaire : l'effet sectaire d'une communauté qui rejette les autres, l'enfermement que peut représenter l'identification, le fait que mettre l'accent sur l'aspect individuel du veganisme élude l'aspect politique, l'aspect presque religieux du produit vegan (comme les produits hallal ou casher), la pureté, associée à l'extrême-droite, et enfin la hiérarchie du plus ou moins vegan menant à une escalade du purisme. Elle a également cité plusieurs extraits de deux textes : « A propos de la pureté » de Françoise Blanchon et « Diffuser le mode de vie vegan : une critique » d'Antonella Corabi.
La discussion qui a suivie portait sur les questions suivantes : Faut-il insister sur le comportement individuel lors de discussions sur la condition animale ? Dans une entreprise de boycott, quand commence l'action politique, quand commence le choix personnel ?
Durant deux heures, nous avons eu certaines réflexions :
- la distinction entre le consommateur et le citoyen, l'individuel et le collectif, le personnel et le politique ;
- la culpabilisation du végétarien plutôt que la reconnaissance du pas qui est fait pour arrêter la viande ;
- le style de vie mis en lumière fait de l'ombre à l'action politique ;
- le côté identitaire peut quand même aider les gens pour se regrouper ;
- la mention de « niches écologiques » (niches sociales) reconnues qui facilitent la vie du consommateur mais l'enlisent dans une posture passive. Exemple du Canada où KFC vend du « poulet » vegan mais où la question animale est finalement peu évoquée. Chaque « mode de vie » est ainsi amené à cohabiter avec les autres modes de vie (mode de vie végan avec mode de vie omnivore, etc.) dans un rapport de « tolérance » réciproque, et l'exigence d'un changement de société qui s'adresse à tous passe à la trappe ;
- le parallèle avec l'esclavage : la lutte contre l'esclavage des Noirs n'a pas consisté à demander à chaque propriétaire d'esclave s'il souhaitait renoncer à ses esclaves et boycotter tous les produits issus du système esclavagiste, mais plutôt à imposer sur la place publique la discussion sur le bien-fondé de l'esclavage et son abolition politique, collective ;
- le terrorisme de la pureté, l'escalade de la pureté personnelle ;
- le fait de se couper d'autres militants animalistes en s'opposant à toutes les initiatives qui ne prônent pas directement le veganisme (Veggie Pride, Abolition de la viande...) et en niant la réalité des motivations des végétariens en les accusant d'hypocrisie ;
- l'importance de faire connaître le végétarisme et le végétalisme puisque toutes les luttes ont besoin de s'appuyer sur des pratiques concrètes (parallèle avec les luttes anticapitalistes qui devront s'appuyer aussi sur des initiatives concrètes comme des espaces collectifs autogérés qui fonctionnent en l'état). Les communautés sont des bases arrières intéressantes pour toute lutte sociale ;
- la dépolitisation nous isole, se définir comme antispéciste ou égalitariste est plus pertinent ;
- la Veggie Pride n'est pas une manifestation identitaire, il faut sortir de cette distinction « bien mal » et poser le problème collectivement, « je lutte pour ne plus avoir à me définir végétarien » ;
- la dimension plus politique que revêt la présentation de soi comme « antispéciste » ou comme « militant des droits des animaux », plutôt que comme « vegan » : de l'intérêt de mettre en avant un projet politique plutôt qu'un mode de vie ;
- le fait que le veganisme n'est pas à la portée de tous actuellement (il est plus facile à mettre en œuvre quand on est célibataire, en bonne santé, etc.) ;
- la dimension symbolique forte du « simple » végétarisme (refus de tuer les animaux pour les manger : refus du meurtre) ;
- le fait que le mot est très connu aux États-Unis et que certaines personnes deviennent directement vegan (sans passer par le végétarisme) ;
La discussion a été souvent dévoyée par des tours de parole non respectés malgré la vigilance de Cécile, un temps de parole parfois monopolisé par des participants et l'évocation d'anecdotes hors-sujet.
Laure, maman vegan, a d'abord commencé à évoquer le rapport instinctif entre les enfants et les animaux : le fait que l'enfant (sauf troubles du comportement) a une tendance innée à être bienveillant envers les animaux ; il est lui-même souvent perçu comme un petit animal, au sens où, encore aujourd'hui dans notre société, il n'est pas considéré comme une personne à part entière, il est dépendant de la famille dans laquelle il vit… Elle a également parlé de la fascination des enfants envers les animaux.
Elle nous a diffusé des extraits de dessins animés destinés aux enfants pour nous montrer que la « culture jeunesse » valorisait les animaux domestiques, les animaux sauvages mais considérait la pêche et la consommation de viande, poissons et sous-produits animaux comme normales. Puis elle nous a raconté son expérience de maman vegan d'une fillette de deux ans et demi, incluant sa grossesse.
Cécile nous a ensuite raconté ses trois « naissances » végétariennes : refusant la viande à l'âge de quatre ans, elle a été forcée par ses parents à en manger jusqu'à l'âge de dix ans, âge auquel elle a obtenu la permission de ne plus manger les animaux, permission accordée à la condition tacite d'accepter que son végétarisme soit considéré comme une anormalité, ce qui a déclenché une grande détresse morale et une relation malsaine à la nourriture. Ses troubles alimentaires ont disparus à l'âge de 29 ans, lorsqu'elle a rencontré d'autres végétariens et a rationalisé et assumé son végétarisme.
Pour finir, Laure a lu le témoignage de Laura, une jeune vegan de quatorze ans.
La discussion qui a suivi a suscité les réflexions suivantes :
- est-il pertinent de concevoir et d'élever des enfants vegan dans le monde d'aujourd'hui ?
- les difficultés sociales pour l'enfant vegan, les différentes manières dont il peut assumer (ou non) son végétarisme ;
- les risques sanitaires que peut courir l'enfant dans une société où il n'existe pas de suivi médical adapté pour les végétaliens ;
- la possibilité pour les parents d'être accusés de maltraitance et de se faire enlever leurs enfants.
Diffusion de « I am an animal », film sur l'organisation PETA et Ingrid Newkirk, sa fondatrice, traduit et commenté par Joëlle Verdier (durée : 1h15).
Le film a esquissé une biographie d'Ingrid Newkirk, a évoqué la création et le développement de PETA, les différentes actions menées depuis 1980 (des intrusions en caméra cachée dans des centres de vivisection aux actions barquettes) et a explicité certaines positions de l'association, notamment son soutien moral à ALF. Il a également dressé un constat sur la situation actuelle : PETA compte aujourd'hui deux millions d'adhérents à travers le monde mais doit encore faire face à des détracteurs.
C'est PETA qui a introduit idées antispécistes aux USA et qui a dressé la charte vegan...
L'intervention de Marco Reggio a pour but de présenter des réflexions sur les perspectives des luttes contre la vivisection à travers une expérience effectuée en Italie, initiée fin 2007. Au-delà des spécificités nationales de cette lutte, elle a soulevé des questions stratégiques et politiques qui peuvent constituer des points de réflexion intéressants.
Marco nous a d'abord présenté les grandes lignes du projet. Fin 2007, la Coalition pour l'abolition de la vivisection en université a été créée pour construire un réseau national d'activistes contre l'utilisation des animaux dans le domaine public ou contre certaines expériences. La campagne qui a suivi s'est principalement centrée contre l'extension du siège d'une université en Italie. Ce choix a été déterminé par le fait que l'université étant est un endroit où la vivisection prend une forme institutionnalisée et qui légitime donc les pratiques spécistes : dans ce contexte, la lutte contre la vivisection acquiert une grande valeur symbolique. Le but de la recherche publique n'est pas le profit économique, contrairement aux firmes du domaine privé, dont certaines sont déjà l'objet de pressions (par exemple, à travers les campagnes SHAC) : c'est pourquoi la campagne ne visait pas seulement à faire pression pour arrêter les financements, mais aussi à organiser des initiatives d'information et de contestation globale de la vivisection. Le choix de l'université s'explique aussi par des raisons pratiques : la volonté de favoriser l'expression libre des idées mise en avant par l'université elle-même peut être invoquée par les activistes pour trouver des espaces d'expression publique.
La première campagne locale de la Coalition s'appelait « Offensive contre l'Université de l'Insubria » et concernait une université qui est présente dans quelques villes du nord de l'Italie. Un de ses sièges, celui de Busto Arsizio (près de Milan), a été plus particulièrement visé parce que la commune finance l'expérimentation et l'équipement du laboratoire. Depuis plusieurs années, il existe une campagne de protestation, organisée par le groupe local de la LAV (« Ligue Antivivisection »), qui demandait que la convention entre l'université et la commune ajoute un paragraphe stipulant que seule la recherche sans animaux serait financée.
Marco a indiqué quelques actions parmi celles effectuées pour la campagne. D'abord, une intervention faite en conseil municipal pour dénoncer les tortures quotidiennes faites à l'insu de la population avec son argent ainsi que pour demander une conférence publique sur ce thème patronnée par le conseil municipal lui-même. Afin de pousser le maire à accepter, de nombreuses pressions ont été exercées par les activistes, ainsi que par les médias. Quand un activiste a entamé une grève de la faim et que son action a été soutenue par énormément de personnes partout en Italie, le maire a fini par céder.
Lors d'un forum fait à l'occasion d'un colloque international de neurologie au siège de l'Université de l'Insubria, des activistes sont intervenus en demandant l'ouverture des laboratoires au public. Une autre fois, un activiste s'est enchaîné à un camion lors du déchargement de matériel de laboratoire ; par la suite, une entreprise a déclaré publiquement refuser les contrats concernant les fournitures liées à la vivisection.
À l'occasion de la célébration du dixième anniversaire de l'université de l'Insubria, qui prévoyait la présence du ministre de l'Intérieur, un sit-in national a été organisé ; les militants ont particulièrement contesté le ministre, qui à l'époque commençait à instituer des mesures spéciales contre les immigrés, en insistant sur le lien pratique et idéologique entre les différentes formes de discrimination, entre le spécisme et le racisme, entre la vivisection et la déportation des humains. Dans cette phase, la Coalition a entrepris une réflexion explicite sur des sujets concernant la politique « humaine » et a participé à d'autres mobilisations sociales : le but n'était pas de trouver une théorie « unitaire » pour relier l'explication de tous les maux existants au spécisme, mais d'explorer le sens que des événements comme les lois contre l'immigration, la suppression du financement de l'école publique ou la répression au Tibet pouvaient avoir pour les militants animalistes.
La campagne est aujourd'hui suspendue pour différentes raisons. D'une part, parce que la conférence publique, qui représentait le premier succès tangible, a été repoussée par le maire à cause de l'affaiblissement de la pression, notamment médiatique. En deuxième lieu, les activistes ont des difficultés à obtenir les protocoles de recherche, nécessaires pour organiser la conférence, par des moyens légaux. Par ailleurs, un des objectifs de la campagne, l'ajout d'un paragraphe dans la convention entre la commune et les universités stipulant l'absence de financement pour l'expérimentation avec les animaux est difficile à défendre sur un plan juridique.
D'autre part, la création de la Coalition a eu un effet notable dans le milieu des luttes sociales humanistes mais n'a pas réussi à faire décoller un projet national qui aurait pu impulser différentes campagnes. Au niveau local, le milieu de l'animalisme « radical » a été peu réceptif, en préférant le modèle de campagne « classique » (pression-boycottage). S'est posé aussi la question du type d'arguments à utiliser, scientifiques ou éthiques (v. plus loin).
L'exemple de cette campagne illustre également la difficulté à conjuguer des objectifs à court terme et des objectifs à long terme. En effet, revendiquer publiquement et obtenir rapidement des résultats intermédiaires sans dénaturer les objectifs à long terme est une tâche stimulante et complexe. Certains de ces résultats peuvent ne pas être abolitionnistes car déterminés par l'urgence de sauver des animaux, de créer un débat public et d'augmenter le soutien à la cause animale (par exemple, les méthodes alternatives ne sont pas forcément « cruelty-free » en sens absolu si l'on les évalue d'un point de vue antispéciste global, mais constituent une amélioration relative dans un contexte scientifique autoritaire et peuvent sauver la vie à des individus sensibles).
Parmi ces résultats intermédiaires, l'exigence de transparence et de « publicité » sont particulièrement importantes. La demande d'ouverture des laboratoires et la sollicitation d'une conférence parrainée par la mairie ont été marquantes du point de vue symbolique, en ce qu'elles ont souligné les responsabilités des institutions, contraint les chercheurs à justifier leurs pratiques, encouragé les personnes « communes » à mettre en question les décisions politiques venant « d'en haut ». La Coalition a souligné les contradictions liées à l'utilisation d'animaux dans la recherche, notamment le contraste entre le rôle soi-disant démocratique et libératoire de la science moderne, et le déroulement secret et invisible des pratiques concrètes de recherche.
La relation que la Coalition a établie avec les associations animalistes protectionnistes et « institutionnelles » offre aussi des éléments pour la réflexion. Les militants de la Coalition ont dans la plupart des cas une expérience et une culture anarchiste. Leur choix de ne pas agir en opposition à ces associations a donc représenté une nouveauté ; malgré les différentes approches, la coopération a donné des résultats satisfaisants sur le plan humain et politique.
Par contre, la discussion au sein de la Coalition concernant l'opposition entre arguments scientifiques et arguments éthiques a été très vaste. Certains étaient convaincus que l'utilisation d'arguments scientifiques affaiblit la cause. D'autres s'inquiétaient du fait de ne pas avoir la formation technique nécessaire pour évaluer ces arguments. D'autres s'opposaient à ces objections car ils ne voulaient pas renoncer à l'argument de l'inutilité de la vivisection, un argument très fort. D'autre s'y opposaient parce qu'ils étaient vraiment convaincus que la vivisection est une fausse science. Au-delà de cette discussion spécifique, Marco souligne qu'il y a en Italie un tabou à ce sujet, de sorte que tant les associations que les groupes radicaux préfèrent ne pas aborder la question, craignant de « créer des divisions » ou d'abandonner les chemins de lutte traditionnels. La Coalition a refusé de contourner cette problématique suite aux contributions théoriques produites récemment en Italie à ce sujet et a eu la chance de mesurer l'efficacité de ces contributions dans une lutte concrète, en suscitant des questions et des défis encore ouverts aujourd'hui : est-il possible d'abandonner des arguments anthropocentriques, indépendamment de leur vérité ? Est-il possible de sensibiliser les gens en utilisant des arguments purement éthiques ?
Est-il souhaitable de se confronter aux vivisecteurs sur des bases éthiques (alors qu'actuellement la confrontation se fait sur le terrain scientifique) ?
En dernier lieu, Marco a parlé des relations entre les activistes de la Coalition et de leur organisation interne. Depuis le début, la campagne a été menée dans une démarche de discussion collective et de prise de décisions à l'unanimité. Dans certains cas urgents, cette préférence pour la cohésion du groupe et pour le respect des perplexités individuelles a freiné l'action : ceci a été la limite principale de l'organisation horizontale. Par ailleurs, une attention spéciale a été portée à la rotation des tâches (interventions publiques, présentation de la campagne...) parmi tous les activistes, aussi bien qu'à la rédaction collective des textes (communiqués, tracts, lettres publiques...). Cette dernière pratique a souvent impliqué une certaine lenteur, mais a apporté des bénéfices incalculables en termes d'évolution personnelle, de connaissance individuelle du sujet, de cohésion du groupe : en effet, cela a permis de produire des formulations publiques des positions de la Coalition qui synthétisaient et respectaient les différents points de vue "de ses composants".
Marco a conclu son intervention en présentant un nouveau projet élaboré par la Coalition (« Bastavivisezione ») qui vise à entreprendre des initiatives de plus longue haleine, en échappant à la logique des « résultats immédiats ». Cette approche refuse l'idée que l'on puisse démonter l'expérimentation animale morceau par morceau, en fermant ses sièges physiques un par un (comme dans le cas des campagnes contre l'industrie de la fourrure). En effet, d'une part il y a très peu des chances d'arrêter des projets spécifiques de recherche par la voie légale ou par le boycottage ; d'autre part, ceci ne peut pas constituer le but principal d'un projet politique qui voit dans l'usage aveugle des animaux un élément structurant ? de l'organisation sociale capitaliste. La tâche prioritaire de BastaVivisezione sera de montrer les contradictions dont est entourée cette pratique de torture : la désinformation, l'absence de transparence, la notion ambiguë de « bien-être animal », l'autoritarisme scientifique, le rôle des comités éthiques dans les universités, les stratégies de récupération des instances abolitionnistes.
30 personnes
Cinq membres du collectif lausannois sont venus nous présenter Lausanimaliste.
Le collectif a été créé en 2006. Il avait une thématique assez large, il n'existait pas au début de position idéologique commune. Il y a eu des polémiques (abolition de la viande, droits des animaux...), mais les positions ont évolué grâce aux discussions sur les actions et les campagnes soutenues. Comme les activistes venaient de milieu divers, le mélange de style a abouti à des actions classiques (stands, pétitions...) et modernes (performances dans la rue). L'association s'est ensuite mise en réseau avec des animalistes de la région et du pays, lors de la campagne pour des cirques sans animaux. Depuis deux ans, Lausanimaliste a acquis une stabilité solide et efficace, tout en gardant diversité et fraîcheur.
Les membres se réunissent une fois par semaine et font une action par semaine. Il n'y a pas de poste spécifique et certaines actions s'organisent à peu de personnes. Il n'y a aucune hiérarchisation. En revanche, sur certaines thématiques, il y a une répartition des thèmes (une personne va s'occuper spécifiquement d'un thème et partage sa spécialisation avec les autres). L'humour et l'amitié sont des composantes importantes pour le bon fonctionnement du groupe.
Le groupe a pour objectif d'être présent dans la ville de Lausanne pour informer, amener au changement le public, mais aussi les entreprises. Chaque action a une revendication précise. En voici quelques-unes :
- actions pour l'interdiction de la fourrure et contre la vente de fourrure en ville de Lausanne
- campagne contre le cirque NOCK en ville de Lausanne
- pétition contre le massacre des renards en ville de Lausanne
- tracts distribués à la sortie de l'assemblée générale d'une entreprise de boucherie pour informer les actionnaires de ce qu'ils financent
- campagne AZOT (www.azot.ch)
- happening contre le cirque KNIE
- fléchage (happening stigmatisant les personnes portant de la fourrure)
- campagne contre les produits Philip Morris
- manifestation devant un abattoir...
Le groupe tente de mener le plus d'actions possible et chacun apporte ses compétences. Leurs moyens : créativité, autoproduction, autofinancement, impact environnemental réduit au minimum.
Lausanimaliste a finalement évoqué les difficultés auxquelles ils sont confrontés. En interne, le fait de s'engager dans de nombreux projets entretient la dynamique mais dilue les énergies, ce qui donne un impact moins fort et moins percutant aux campagnes qui exigent une efficacité à long terme. Ils ont également évoqué la difficulté d'intégrer de nouveaux activistes tout en maintenant une ligne politique claire. En externe, ils ont signalé qu'un activiste a été condamné par la justice pour non-respect des clauses lors d'une action barquette. Cela constitue l'aboutissement de la dégradation progressive des rapports avec les autorités. En effet, la police met une ardeur grandissante à mettre des bâtons dans les roues du groupe. Par exemple, elle autorise une action mais impose des clauses qui rendent de fait l'action impossible (les autorités ont demandé, par exemple, que l'action barquette se fasse sans faux-sang et avec des militants habillés). Ils exigent également de connaître le texte qui va être distribué. Ils autorisent les actions mais imposent des endroits déserts. D'autre part, les médias restent intéressés par des actions spectaculaires et n'hésitent pas à détourner les propos des militants pour pimenter leurs articles. Exemple de déformation monstrueuse des propos.
Cela laisse à croire que tout est fait pour pousser le groupe à commettre des actions clandestines : la police en rendant difficiles l'organisation d'actions légales, les médias en recherchant le sensationnel.
18 à 20 personnes
C1: Le titre de la VP est équivoque, on ne peut pas reprocher aux gens de le comprendre de travers.
S: Pour l'organisation de la VP, ce qui manque ce ne sont pas les bras, mais les têtes.
Y: La VP est un moment de rencontre national; il est donc très important de maintenir l'after (la soirée après la manifestation).
A: Le centre de la VP est le cortège, pas les stands ou l'after.
B: Ça coûte aux gens de venir à la VP. Cette année est la première où la VP a eu autant de punch. Il faudrait faire la VP à Paris, ou en tout cas apparaissant comme nationale, à l'image de ce qui a été fait à Lyon. Il faudrait cependant des happenings chacun plus court.
J1: Il faudrait plus de mégaphones, pour moins de cacophonie.
B1: Oui, des mégaphones répartis dans le cortège.
Y: Ne se voit pas aller sur les forums en anglais pour défendre la VP [à propos des Veggie Pride américaine, anglaise et tchèque, qui ont repris le nom de la VP, tout en créant une manifestation fondamentalement différente] La VP est une grande occasion de coming-out végé; chaque année on voit des gens qui pleurent d'émotion de se retrouver avec d'autres, de cesser d'être isolés. Mais il faudrait changer le nom.
A: Joëlle va traduire en anglais la brochure qui a été publiée sur la VP. Le cortège était impressionnant. Pour l'organisation, ne faudrait-il pas organiser des rencontres physiques, "en chair et en os" ?
F: Le cortège fut trop long. Il faudrait un plus fort côté politique. Suggère un «congrès égalitariste».
C1: Se retrouve dans le «coming-out». Mais voudrait changer de nom.
J1: Propose «marche pour la libération animale».
B2: Il faudrait que ce soit plus politique, plus centré sur l'abolition de la viande. Propose «marche pour les droits des animaux»
C1: Changer de nom, oui, mais en gardant l'idée animal/aliment. Suggestion: en parler dans repas type AVF, et aussi autour de soi.
A: Il y a des gens qui au départ sont végés individuellement, non militants; ils viennent à la VP et se mettent à militer et deviennent végans; ils se mettent alors à cracher sur la VP. Il faudrait une VP continue toute l'année.
T: Ça fait 10 ans qu'il y a la VP; il vaut mieux ne pas changer de nom.
S: Quel que soit le nouveau nom, il doit continuer à correspondre au plus grand dénominateur commun des gens qui sont végétariens pour les animaux.
B2: «Veggie Pride: marche pour l'abolition de la viande»
D1: Les gens pour les droits des animaux ne veulent pas militer avec ceux qui ne sont pas avec eux; ils pensent que la VP est utilitariste.
C2: Il y a un million de végés en France; beaucoup n'ont jamais entendu parler de la VP. Comment informer les gens? C'est pour cela qu'il n'y a pas plus de participants.
Y: Concernant le sous-titre proposé «marche pour l'abolition de la viande»: rendre plus explicite le manifeste. Il faudrait prendre 1 ou 2 heures de brain-storming pour trouver un nouveau nom. Publier un «appel aux végétariens» à placarder pour parler de la VP.
S: La VP n'est pas organisée par les utilitaristes; qu'ils disent ça est symptomatique. L'abolition de la viande implique d'abaisser le plus grand dénominateur commun.
D2: Les assos qui soutiennent la VP se réduisent comme une peau de chagrin; il faudrait les relancer.
Y: De fait, tous les manifestants sont pour l'abolition de la viande.
J1: Il faudrait mettre des affiches dans les biocoops.
B3: En faveur du sous-titre abolition de la viande.
A: Le sous-titre actuel est «nous sommes des animaux solidaires de tous les animaux».
G: «Veggie Pride pour les animaux»
J2: Le terme «Veggie Pride» évoque le mode de vie, la joie, etc. Terme donc inadapté.
D3: Il y a un problème avec le concept de végéphobie, qui s'écarte de ce qui est central, les animaux.
S: Le mot «pride» n'est pas en soi festif. Déçue que la Gay Pride soit non politique. Le sens de la végéphobie est très clair dans le manifeste.
A: Nous nous plaignons tout le temps de la végéphobie individuelle. La VP dit que cette végéphobie n'est pas qu'un fait individuel, mais compose un tableau qui correspond au fait que la société ne respecte pas les animaux. Il y a un texte italien sur la végéphobie à traduire en français.
B2: Cette histoire de végéphobie n'est pas claire; sur les sites Internet elle apparaît comme seulement la végéphobie individuelle.
Le film présente des actions ALF, les motivations des activistes et la répression policière que certains d'entre eux ont subie ou subissent. Il dénonce également la souffrance infligée aux animaux pour la production de viande, de fourrure, pour le plaisir de chasser ou pour des expériences dans des laboratoires.
42 personnes
Martin Balluch a tout d'abord présenté VGT, une association animaliste autrichienne. Fondée en 1992, VGT a aujourd'hui 18000 membres et un budget de 600000€/an, 30 employés dont 7 temps plein. En 2008, il y a eu 958 manifestations (3/jour), et 40 événements.
Quelques exemples d'actions :
- présenter la défense animale dans les écoles (250 écoles visitées/an). VGT propose aussi de former les professeurs qui veulent évoquer la cause animale auprès de leurs élèves ;
- faire connaître aux juges des cas de maltraitance animale (30 à 40 procès) ;
- faire des investigations sur des élevages industriels de porcs puis écrire un rapport ;
- projeter des vidéos sur les murs de la ville (3/jour).
Parmi les succès, VGT a mené une campagne pour l'interdiction des poules pondeuses en batterie.
Dans les années 90', tous les élevages étaient en batterie (9 000 000 de poules). En 1994, des activistes de VGT se munissent de lampes à UV et écument les supermarchés pour vérifier si l'œuf a été en contact avec un grillage. Ils se sont aperçus que beaucoup d'œufs censés élevés en plein air étaient en fait des œufs de poules élevées en cage. Ils ont convaincu les supermarchés de coopérer. Il a été mis en place un Institut de Contrôle des Œufs : les supermarchés payaient les militants pour vérifier que les œufs des rayons étaient des œufs de plein air. Ils sont par la suite parvenus à interdire l'épointage des becs des poules. En mars 2003, 7 poules ont été libérées. Une bannière a été déployée sur le bâtiment du gouvernement, les élections du parti conservateur ont été sabotées. Le 27 Mai 2004, un vote unanime a interdit l'élevage de poules en batterie. Ce grand succès a précédé la mise en place de la répression contre le mouvement animaliste.
A cette époque, les activistes étaient extrêmement présents :
- manifestation devant le même magasin de fourrure, dans plusieurs villes différentes, 10 fois/semaine, toute la journée ;
- affichages de panneaux énormes sur des bâtiments publics (150 fois/an) ;
- occupations de locaux publics ;
- panique créée lors de défilés de mode ;
- blocage devant les laboratoires ;
- sabotages de chasse ;
- sauvetages d'animaux à visage découvert ;
- conférences sur les droits des animaux, tous les deux ans ;
- foires vegan dans la rue (8 fois/an).
Ces différentes actions ont abouti à différents succès : l'interdiction des élevages de fourrure, des animaux exotiques dans les cirques, des expériences sur les primates (gibbons compris), de l'élevage en cage des lapins, ainsi que des truies gestantes et allaitantes, baisse des ventes de fourrure (-90%).
Peu à peu, le gouvernement s'est rendu compte de la forte influence des animalistes.
Comme une procédure est en cours pour inculper Martin Balluch et d'autres militants animalistes, nous ne rendons pas compte de la suite de la présentation, qui présentait de manière très détaillée, la mécanique répressive qui s'est mise en place suite à ces succès.
David Myriam a présenté un film de 30 minutes, construit sur la technique du dessin sur sable en direct et vidéoprojeté. Sa performance poétique, centrée sur la cohabitation pacifique de tous les animaux, faisait apparaître divers animaux (humains compris) progressivement dans des paysages variés. Des exemples du travail de David Myriam sont présents sur son site : http://art-engage.net/
Ce jour-là, à 16 heures, deux gendarmes sont venus, disant qu'on leur avait signalé une manifestation et qu'ils voulaient savoir ce qui se passait dans leur circonscription. Ils ont posé des questions concernant des panneaux de L214, ont pris l'identité de trois participants, ont posé des questions sur le nombre de participants et la durée des Estivales. Ils sont ensuite allés voir les frères lassaliens qui nous louent les locaux et ces derniers nous ont rapporté que les gendarmes nous soupçonnaient d'être une secte.
26 personnes
Tora Holmberg nous a d'abord présenté son parcours et le sujet sur lequel elle travaille. Dans le Centre pour la recherche sur le genre, un programme de recherche sur les transgressions des barrières entre la nature et la culture, un groupe animaliste s'est formé depuis quelques années (en 2008 ils étaient huit chercheurs dans différentes disciplines, qui ont des visions différentes sur les animaux et les droits des animaux en général) avec comme intérêt de faire des recherches sur la critique des relations entre les humains et les animaux, particulièrement dans le domaine... de la recherche. Ils ont édité un livre issu de conférences en pays nordiques : Enquête sur la relation humanimale.
Le travail de Tora Holmberg sur les animaux transgéniques a été amorcé il y a trois ans. Il y a eu peu de débats sur cette pratique qui se répandait. La Suède a des comités d'éthiques nécessaires à l'approbation de projets scientifiques et des gens pro-animaux, issus des organisations de droits des animaux ou de protection animale y sont nommés aux côtés des experts.
En Suède, les souris sont le modèle clé de la recherche transgénique. 40% de l'expérimentation animale se fait à l'aide de souris transgéniques. On peut commander des animaux transgéniques par correspondance (une souris créée pour la demande afin de servir de modèle à telle ou telle maladie), mais les les laboratoires d'université peuvent aussi créer leurs propres souris. Quand ce sont des nouvelles souches, la capacité de l'animal à survivre est inconnue (« incertitude sur le phénotype»). En général, il y a une surproduction énorme.
L'utilisation des animaux transgéniques dans la recherche est présentée d'un côté comme ordinaire, d'un côté comme unique. Ordinaire, parce que les scientifiques expliquent que les mutations sont naturelles : elles sont obtenues « naturellement » en ce qui concerne les animaux d'élevage qui ont été croisés afin de correspondre aux attentes des éleveurs et des consommateurs. Un autre argument est que la science ne fait qu'accélérer le processus de la nature, puisque les espèces sont soumises à des mutations au fil du temps (naturalisation de la technique). Ces références à l'histoire sont une manière de légitimer la pratique en rejetant la responsabilité humaine.
D'un autre côté, l'utilisation des animaux transgéniques apparaît comme quelque chose d'unique, d'extraordinaire, parce qu'elle représente un grand espoir pour les progrès médicaux, dans un état d'esprit qui ressemble en partie à un mythe chrétien.
Le silence sur l'utilisation des animaux transgéniques porte sur plusieurs points :
- les risques de souffrance dus au phénotypes imprévus, aux conditions d'élevage, au nombre d'individus, etc. ;
- les risques humains et technologiques ;
- l'instrumentalisation et l'objectification des animaux ;
- etc.
Les scientifiques qui travaillent avec les animaux disent travailler avec les animaux. En effet, ils les soignent, mais également doivent les comprendre pour communiquer avec eux. Travailler avec les animaux signifie alors les considérer comme du matériel qu'il faut manipuler mais n'empêche pas de développer une relation émotionnelle voire de l'empathie. Les pratiques de soin, dans le cadre de cette institution violente qu'est l'expérimentation animale, représentent un élément problématique, voire contradictoire. Tora Holmberg a illustré son propos avec une interview de chercheuse.
Elle a également abordé le sujet de la mise à mort des animaux de laboratoire. Le concept d'« euthanasie » véhicule l'idée d'une « bonne mort » non seulement pour la victime mais aussi pour le tueur. Ce « bien tuer » comprend trois composantes : des mesures pour soigner, des mesures de raffinement biologique et des mesures pour diviser le travail.
Elle a conclu son intervention en soulignant que les laboratoires ainsi que les abattoirs sont des institutions secrètes : les silences qui les entourent doivent être brisés pour qu'un débat public correct à leur sujet soit possible.
Les discussions qui ont eu lieu ensuite ont porté sur plusieurs points :
- les méthodes d'abattage dans les laboratoires ;
- l'aspect contradictoire de l'empathie du chercheur qui tue les animaux ;
- des précisions historiques sur l'intérêt du public concernant la vivisection ;
- des questions sur les alternatives à l'expérimentation animale.
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Pour l'éthique spéciste, les humains sont des personnes (personnalisme, identité personnelle): uniques, autonomes, possesseurs de droits inviolables. Les animaux non-humains, par contre, sont de simples récipients de sensations (plaisir/douleur), interchangeables ; on leur applique une éthique impersonnelle.
La mort est ainsi vue comme le plus grand mal qu'on puisse infliger à un humain, mais comme sans importance pour un non-humain, qu'il faut seulement s'abstenir de faire souffrir.
Une éthique non spéciste peut soit chercher à étendre aux non-humains l'éthique personnaliste, soit développer une éthique impersonnelle tant pour les humains que pour les non-humains. C'est la première solution qui est choisie par les éthiques des droits des animaux ; nous chercherons pourtant à défendre la seconde.
Tom Regan, théoricien des droits des animaux, admet sans démonstration l'identité personnelle chez les animaux comme les chiens. Il affirme que cette présupposition est neutre d'un point de vue éthique, mais cependant nécessaire pour fonder son éthique.
Regan affirme que cette présupposition est aussi banale que celle concernant l'identité des objets inanimés. Illustration de cette dernière problématique par le cas du bateau de Thésée, dont on remplaçait petit à petit les pièces jusqu'à les avoir toutes remplacées, tout en considérant qu'il s'agissait bien toujours du même bateau. Dans ce cas, l'identité apparaît comme une simple convention.
En réalité, la notion d'identité chez les humains dépasse largement la problématique concernant les objets inanimés: citation du Catéchisme de l'Église catholique (« caractère mystérieux et unique de chaque personne »).
Illustration de la notion d'incommensurabilité des individus, notion attachée à l'identité personnelle, par la position extrême selon laquelle on ne peut choisir entre sauver 100 mineurs dans une galerie ou un seul dans une autre.
Regan, bien qu'il affirme la neutralité de sa position sur l'identité personnelle, critique l'utilitarisme pour son caractère impersonnel, pour le fait de prendre les individus pour de simples récipients.
Mais la position personnaliste présente de grandes difficultés appliquée aux animaux. Regan ne l'applique qu'aux animaux les plus mentalement développés. D'autres (Dunayer, Francione...) l'appliquent y compris aux « petites bêtes » (innombrables), mais en développant une attitude « mains propres ». La vie d'une mouche est aussi importante (« incommensurable ») que celle d'un humain typique ; pourtant, on peut marcher sur l'herbe, car on ne fait pas alors exprès de tuer les insectes. Aussi, beaucoup adoptent de ce fait une attitude « apartheid des espèces » à propos de la question de la prédation.
Une solution éthique impersonnelle permettrait la même éthique pour les humains et tous les autres êtres sensibles, « petites bêtes » comprises. En acceptant ces principes au niveau fondamental (niveau « critique » selon R.M. Hare), on se laisse la possibilité d'une application adaptée au niveau pratique (niveau « intuitif », selon Hare).
Pour développer une éthique impersonnelle il faut critiquer le « je » cartésien, de la formule « je pense, donc je suis ». Ce « je » est identifié à l'âme immortelle, immatérielle, témoin inaltérable du flux changeant de nos sensations. Cette identité personnelle constitue un lien métaphysique qualitativement différent de celui qui lie les instants de conscience de différentes personnes.
Si on ne suppose pas un tel lien métaphysique, puisque le corps humain est en renouvellement matériel constant, le lien réel de mémoire, etc. entre instants de conscience successifs d'une « même » personne n'est pas une identité matérielle, mais un lien causal matériel ; et donc de même nature qu'une communication sonore entre personnes différentes.
Le « je » n'est en fait pas une évidence subjective. Admettre la sentience n'implique pas d'admettre l'identité personnelle. Parmi les choses que je ressens à un instant donné, il n'y a rien qui soit "« l'être le même sujet »" ? qu'à un autre instant.
Il peut sembler évident que toute sensation présuppose un sujet. Mais une telle assertion est sans contenu si on ne présuppose pas ce sujet comme persistant dans le temps, assertion elle-même problématique.
L'évidence du sujet cartésien provient peut-être de la simple obligation grammaticale d'avoir un sujet au verbe « penser » ; "je pense, donc je suis" n'est pourtant pas plus probant que : « il pleut, donc il est ». Cf. la réponse en ce sens de Lichtenberg (XVIIIe siècle) à Descartes.
L'utilisation de noms pour les individus n'est pas non plus une preuve de l'existence de l'identité personnelle ; pas plus que dans le cas du bateau de Thésée. Ils peuvent être vus comme de simples étiquettes, ne présupposant pas l'identité.
Henry Sidgwick (utilitariste, XIXe siècle), affirmait l'évidence de l'identité personnelle: nous nous préoccupons de nous-mêmes d'une manière qualitativement différente de celle qui nous fait nous préoccuper des autres. Mais il s'agit d'une affirmation sans démonstration.
Le processus classique de construction d'une éthique part d'une base de préférences égoïstes, que l'on universalise alors. La prudence est ainsi supposée être d'une nature fondamentalement différente de l'altruisme. Pourtant, la prudence n'est pas plus une évidence que l'altruisme, et fait l'objet des mêmes exhortations pédagogiques (tabac, etc.).
Dans les deux cas, pourtant, il s'agit de sacrifier un intérêt au nom d'un autre, jugé supérieur.
Position de Derek Parfit (Reasons and Persons, 1984): l'identité personnelle n'est pas un fait additionnel à l'existence de liens de mémoire, etc. Elle se réduit à ces liens (position réductionniste). La mort n'est pas un drame de nature absolue.
L'argumentation de Parfit se base en particulier sur diverses expériences de la pensée. Il nous demande par exemple si une personne créée comme copie exacte de nous-même (téléportation) serait nous-même. Il imagine aussi le cas du remplacement progressif des parties de notre cerveau par celles d'une autre personne. Il n'est pas vrai qu'à tout instant en cours de remplacement la question « sera-ce moi ? » doit pouvoir recevoir une réponse précise ; pas plus que dans le cas du bateau de Thésée. Si on m'annonce qu'en cours de remplacement on me soumettra à une grande douleur, dois-je me préoccuper « pour moi »? Il s'agit là d'une question sans réponse possible.
La préoccupation égoïste (« pour moi ») et altruiste (« pour autrui ») sont de même nature.
Du fait d'une telle unification, l'éthique devient non moraliste: la non-prise en compte des intérêts d'autrui est plus de l'ordre de l'erreur que du péché.
La mort n'est plus un drame absolu. Image du tunnel de verre au bout duquel il n'y a qu'obscurité (la mort). Ce tunnel disparaît quand nous comprenons que l'identité personnelle se réduit à un certain type de liens matériels entre instants de conscience. Nous nous mettons aussi à nous soucier plus des autres et moins de nous-mêmes. Nous craignons moins la mort.
La réponse traditionnelle à l'angoisse de la mort est de dire que notre « je » ira au paradis. Mais il n'existe pas de tel « je ». Si nous prenons pleinement conscience de ce qu'autrui est sentient comme nous, la mort n'est plus un vide. Il y a une vie après la mort: celle des autres.
Nous sommes bel et bien des récipients d'instants de conscience. Ce sont ces instants, et non notre « je », qui sont uniques. En tant que récipients, nous sommes remplaçables.
Un élevage de poulets heureux, au niveau éthique fondamental, pourrait ne pas être condamnable, tout comme l'existence de l'humanité resterait un bien si nous découvrions que nous sommes élevés et tués par les extraterrestres.
C'est pour des raisons sociales, culturelles, politiques, qu'un élevage de poulets heureux resterait à proscrire de nos sociétés.
Une éthique impersonnelle permet aussi une critique réaliste de la prédation. De manière générale, elle permet d'aborder nombre de problèmes éthiques liés aux animaux de manière souple et réaliste.
La discussion qui suivait la présentation a porté sur les points suivants :
- l'utilitarisme et la difficulté à le lier avec les questions politiques ;
- le lien entre l'impersonnalité et le bouddhisme ;
- la dichotomie entre l'éthique et la pratique.
Le nom d'Escada vient d'un joli cheval irlandais, comme l'entreprise le présente sur son site Internet. C'est un cheval qu'on ne peut ni brider ni contrôler. Pourtant, c'est une entreprise de mode qui a plusieurs magasins à travers le monde (Europe, Russie, Chine…) et affiche sa fascination pour un animal qui veut garder sa liberté, enferme des animaux dans des cages et les assassine pour vendre des produits de luxe. Escada est la cible d'une campagne internationale depuis deux ans et elle est très affaiblie, mais les activistes prennent le risque de s'épuiser et souhaitent être relayés dans davantage de pays, notamment la France. Il est possible d'aller distribuer des tracts devant les magasins français Escada, informer les gens des conditions de vie des animaux tués pour la fourrure qui y est vendue et convaincre les consommateurs de ne rien y acheter.
Bien qu'Escada soit la cible d'une campagne de dénonciation au niveau mondial, elle n'a pas mis fin à ses activités. Cela montre le mépris de ses dirigeants vis-à-vis de l'opinion du public, de ses employés, de la vie des animaux.
23 personnes
Agnese Pignataro a introduit le débat en traitant trois questions :
1/ Qu'est-ce que le capitalisme ?
2/ Quel est le rôle des animaux dans le capitalisme ?
3/ Abattre le capitalisme est-il nécessaire pour la libération animale ?
Les discussions qui ont suivi ont porté sur les points suivants :
- la « plus-value » selon Marx et la pertinence de ce concept dans les sociétés occidentales modernes ;
- la pertinence d'infiltrer des partis ou syndicats anticapitalistes parce qu'ils seraient plus sensibles au sort des animaux (CNT, NPA...) ;
- l'organisation sociale sous forme de "soviets" qui permet davantage de réfléchir sur l'éthique qu'une société hiérarchique ;
- la question : est-ce que nous, militants pour les animaux, devrions être anticapitalistes ?
- la domination qui pourrait apparaître comme une fatalité liée à la nature humaine ;
- la place des animaux dans la société qu'on voudrait construire : est-il souhaitable qu'on vive complètement séparés d'eux ?
- La possibilité d'obtenir un arrêt de l'exploitation des animaux dans un système capitaliste, à condition que l'on supprime les animaux eux-mêmes, puisque même si l'élevage est aboli, le capitalisme dévore les espaces de vie de certains animaux.
« La planète sauvage » est un film d'animation de science-fiction, paru en 1973. Sur la planète Ygam, le peuple dominant, des géants appelés les Draags, élèvent des humains et les traitent comme les Terriens humains traitent aujourd'hui les animaux.
Veganesh et Jeanjean jouent avec les mots et les sons pour parler du véganisme et de la place des animaux. Le duo allie musique et théâtre et mêle l'humour, la tristesse et la colère pour pointer les pratiques spécistes courantes.
Projection du film et traduction simultanée par Joëlle.
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Dans les civilisations judéo-chrétiennes de l'Occident, utiliser, maltraiter, torturer, massacrer l'animal et lui nier toute conscience a été de tout temps la norme établie.
De nombreuses autres civilisations anciennes, comme celle des indiens d'Amérique du Nord, utilisaient l'animal tout en respectant son individualité, sa conscience et sa liberté. Seules les antiques civilisations fondées sur les philosophies hindouistes et bouddhistes originelles ont reconnu à l'animal un statut d'être conscient, doté d'une âme au même titre que l'être humain, existant pour lui-même et non pour le bienfait de l'humanité. Mais il y a dans le bouddhisme et l'hindouisme de très nombreuses écoles de pensées différentes, allant du végétarisme et de l'interdiction de maltraitance et d'exploitation animale sous toutes ses formes à des degrés divers d'exploitation. Bien que l'Inde compte encore actuellement 600 millions de végétariens (la plus forte densité au monde), l'influence occidentale y est si puissante que ce nombre ne fait que diminuer tandis que la maltraitance et le carnage ne font qu'augmenter, alors même que l'Occident commence à progresser sur la voie inverse.
Pourtant le fait qu'un pays entier majoritairement végétarien ait existé par le passé peut nous encourager dans notre vision d'un Occident qui abolirait l'esclavage animal comme il a aboli l'esclavage humain.
Joëlle a fait des études ethnologiques à la Sorbonne (anciennes civilisations indiennes, américaines, africaines, shamanisme, taoïsme, bouddhisme, hindouisme…) et en Inde et a beaucoup voyagé. Elle a traduit des textes originaux de l'Inde et a pu lire les textes spirituels eux-mêmes, et non pas seulement leur interprétation.
L'Inde moderne connaît une grande variété ethnique, religieuse (hindouisme, islam, bouddhisme, christianisme) et philosophique (vishnouisme, vaïshnavisme ou Krishnaïsme, shivaïsme, shaktisme, jaïnisme, shankarisme, vedanta, védisme, mayavada, bouddhisme, parsi, sikhisme).
L'hindouisme est en fait un mot moderne créé lors de l'invasion musulmane des Moghols pour indiquer la civilisation « au-delà du fleuve Sindu », qui ne représente pas toujours l'Inde ancienne et parfois même la dénature.
L'Inde est le seul pays qui a inclus les animaux dans sa constitution. Humains et animaux sont considérés praja, citoyens, dont Prajapati est le père. Traditionnellement en Inde, avant le repas, on allait dans la rue appeler quiconque avait faim pour l'inviter à sa table. Les pauvres pouvaient aussi se nourrir dans les cultures d'autrui à condition de ne rien emporter après avoir assouvi leur faim. Les animaux bénéficiaient de la même compassion. Récemment encore, le soir dans leurs échoppes, des commerçants mettaient une assiette de grains pour les souris afin qu'elles ne grignotent pas leurs étoffes, plutôt que de les exterminer.
Les textes traditionnels ont commencé à être écrits il y a 5000 ans, début de l'âge de fer, mais ils datent en réalité de millions d'années parce que les humains des âges précédents (âges d'or, d'argent et de cuivre), beaucoup plus évolués, les mémorisaient et les transmettaient oralement.
Quelques citations indiennes :
- « L'homme qui consent à la mort d'un animal, celui qui le tue, celui qui le coupe en morceaux, celui qui achète la viande, la vend, celui qui la prépare, la sert et enfin celui qui la mange, sont tous regardés comme ayant pris part au meurtre. » Manu Smriti (Codes de lois de Manu)
- « La chair d'un animal est pareille à la chair de son propre fils et la personne stupide qui mange de la viande doit être considérée comme le plus vil des êtres humains. » Mahhabharata Anu Parva
Quelques citations bouddhistes ou taoïstes :
- « Le fait de manger de la viande détruit les semences de la compassion. » Mahaparinirvana Sutra (Texte sacré bouddhiste)
- « Tu ne tueras aucun être vivant et tu ne feras de mal à aucun… Tu ne consommeras ni la viande ni le sang d'aucun être vivant. » Taoïsme chinois
- « Tant que les humains feront souffrir les animaux, les êtres humains continueront à souffrir. » Dalaï Lama
A partir du XIXe siècle, quand les Anglais ont envahi l'Inde, la philosophie indienne a commencé à être connue de l'Occident et a soulevé l'enthousiasme de nombreux écrivains et philosophes : Edison, Victor Hugo, Schweitzer, Lamartine, Schopenhauer, Tolstoï, Emerson… Ils ont inclu des idées de l'Inde ancienne dans leurs propres écrits. La question du karma se retrouve dans certaines citations : « Tant qu'il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille » (Tolstoï), « A moins de cesser de faire du mal aux animaux, nous sommes toujours des sauvages » (Edison), « Ce qui arrive aux bêtes arrive bientôt aux hommes » (Victor Hugo)… Les textes sacrés indiens utilisent le mot « meurtre » tant pour la mise à mort des animaux que des êtres humains. S'ils interdisent de tuer les animaux, ce n'est pas seulement, comme on le croit souvent, de peur de tuer un ancêtre réincarné en animal, mais aussi parce que, contrairement à la Bible, les textes traditionnels indiens considèrent que les animaux ont une âme et s'acheminent eux aussi vers la réalisation spirituelle à travers les réincarnations. Tout être vivant (animal et végétal) doit être respecté selon l'Ahimsa.
Pour cette raison, les peuples mangeurs de viande n'étaient pas considérés comme faisant partie de la société humaine, car l'humain est défini par le fait de ne pas manger les animaux.
- « Manger de la viande relève des plus sombres modes d'existence, engendrant ignorance et maladie. » Mahabharata
Si un humain tue un animal pour le manger, il doit s'excuser et reconnaître à l'animal le droit de le tuer en retour dans sa vie ultérieure.
Il existe une hiérarchisation : le plus bas niveau de réincarnation est la plante, le plus haut est l'humain.
Les trois animaux sacrés sont le singe, la vache et le lion parce que dans l'échelle de la réincarnation, ils sont ceux qui précèdent l'humain. Il ne faut pas tuer les animaux également car cela bloque leur évolution progressive au cours des réincarnations.
Les animaux sont tués dans les abattoirs par millions si bien que la seule façon dont les humains, en conséquence de leur karma, peuvent être tués en retour en aussi grand nombre, est à travers les épidémies et les guerres. Ils subissent ainsi la rétribution des massacres qu'ils ont commis.
Seul un groupe de personnes a l'autorisation de chasser et manger les animaux : les guerriers en temps de guerre. Ils peuvent également boire de l'alcool car la viande et l'alcool exacerbent l'agressivité. De nos jours par contre, la chasse est interdite (mais pratiquée, hélas).
Les Indiens ont une médecine traditionnelle très élaborée (Ayurveda) et furent les premiers chirurgiens, 6 siècles avant JC, s'exerçant sur des cadavres humains et non sur des animaux vivants.
La culture culinaire indienne allie traditionnellement le goût, la santé et l'écologie. Le concept social de base est « une vie simple et de haute pensée »
- « Ne confondons pas ce qui est naturel et ce qui est habituel. » « La terre produit suffisamment pour satisfaire le besoin de chaque humain mais pas suffisamment pour satisfaire la cupidité de chacun. »
- « La grandeur et l'évolution morale d'une nation peuvent se mesurer à la façon dont elle traite les animaux » « La vie d'un agneau n'est pas moins précieuse que celle d'un être humain » (Gandhi)
Dans la société indienne traditionnelle, il y avait un système de « symbiose », ou d'entr'aide, entre l'humain et la vache, mère de l'humanité et le taureau, père de l'humanité. Le lait des vaches est partagé entre veaux et humains : le veau n'est jamais tué ni enlevé à sa mère, il boit le lait à satiété et ensuite seulement le fermier prend l'excédent. Les bœufs tirent la tonga (char à bœufs) et la charrue mais ne sont pas maltraités et surexploités, au contraire aimés et respectés. L'Inde étant un pays en grande partie tropical manque de verts pâturages. Aussi les vaches errent-elles librement dans les villages. Lorsqu'une vache se présente à la porte de quelqu'un, on lui donne à manger : en effet, les animaux appartiennent à quelqu'un mais sont nourris par tout le monde et toute la communauté bénéficie de leur présence (la bouse de vache est utilisée comme combustible, comme engrais, comme matériau de construction et comme produit de nettoyage grâce à ses propriétés antiseptiques). Ce sont également des éboueurs naturels, (comme les cochons libres aussi de vagabonder) mangeant tous les détritus végétaux.
Les singes partagent aussi la vie des humains en vivant librement parmi eux. (Ils volent parfois des objets puis font des signes pour les échanger contre de la nourriture).
Malheureusement, l'Inde d'aujourd'hui abandonne de plus en plus ces coutumes. Beaucoup d'animaux sont maintenant maltraités et horriblement exploités comme en Occident.
Les États de religion vishnouite restent en grande majorité végétariens. Mais à cause de l'influence occidentale, (avec la multiplication des Mac Donald, par exemple), les indiens non vaïhsnavas se mettent à manger de plus en plus de viande. Il y a maintenant des élevages industriels un peu partout et des abattoirs légaux dans deux États du sud et de l'ouest, et sept États du nord-est.
Mais, souligne Joëlle Verdier, il est important de savoir que des sociétés humaines ont existé qui ont mis en pratique l'idée du respect des animaux dans une véritable vie en commun avec eux.
Après la lecture par Dominique Joron d'un texte introductif, la discussion s'est engagée autour des points suivants.
1/ Concernant l'idée d'un parti politique pro-animaux :
- Voter pour un parti qui parle des animaux nécessite que ses opinions politiques se défendent sur leurs propres bases. Si un parti de droite fait quelque chose pour les animaux, ce serait une bonne chose, même si on n'a pas forcément envie de travailler avec eux.
- On a le choix de rejoindre un parti existant, on peut aussi en créer un.
- Quand on distribue des tracts au nom d'un parti, on peut être moins crédible.
- S'organiser en tant que parti peut être un moyen de contourner la répression policière dont sont victimes les activistes.
- Un parti politique ne peut pas couvrir toutes les questions concernant les animaux en plus des questions économiques, de politique internationale, etc.
2/ Concernant l'idée d'une fédération :
- Une fédération rassemble dans un parti idéal des associations qui ont des idées différentes.
- Ça peut être source de désinvestissement et ne présenter aucun intérêt.
- On peut s'inspirer de l'expérience des activistes anti-corrida. Si la FLAC, fédération d'association de lutte contre la corrida, met très longtemps pour prendre des décisions, c'est parce que c'est difficile de trouver des consensus quand on est nombreux.
- Il peut être intéressant par contre de se fédérer autour de projets précis, ponctuels ou sur la durée, pour une revendication particulière, par exemple. C'est une façon de travailler ensemble qui a plus de chances de marcher que la création d'une fédération, qui risque plus, paradoxalement, de nous "désunir" (à cause de désaccords, des enjeux de pouvoir, etc.).
- Il est important d'avoir des campagnes qui touchent l'économie (comme la campagne Escada en Allemagne)
- Un projet intéressant peut viser les informations erronées que les médecins livrent à leurs patients végétariens ou végétaliens. Pour cela, on pourrait :
- Agir auprès des étudiants en médecine (distribuer des tracts à la fac)
- Écrire individuellement aux médecins pour exiger une information médicale fiable.
- Dénoncer le lobby du CIV qui inonde le cabinet des médecins.
- A l'heure actuelle, on fonctionne en réseau. Par exemple, la campagne contre Novotel est lancée par L214 mais est relayée par des groupes locaux.
- On peut créer une radio animaliste sur Internet, comme la radio écolo.
- Une des raisons de la faiblesse du mouvement est qu'on ne se rend pas compte qu'on n'est pas obligés d'être toujours d'accord pour être unis lors d'une action. Certains animalistes pensent qu'il est impossible de travailler avec des gens qui ne s'alignent pas sur leur position idéologique. C'est pour cette raison que les gens viennent si peu nombreux aux Estivales. Les gens ne s'y intéressent pas parce qu'ils souhaiteraient qu'on y dispense un catéchisme, un dogme alors qu'il s'agit d'un échange d'opinions, de savoirs.
- Qui se lancerait dans une démarche de création de fédération ? Il n'est pas nécessaire d'être nombreux (par exemple, la campagne Escada a été lancée par trois ou quatre personnes).
- Une idée : lancer une campagne anti-foie gras, qui serait relayée par tous les collectifs et associations qui le souhaitent.
Documentaire sorti en 2005, Grizzly Man relate l'histoire vraie de Tim Treadwell, qui a vécu treize étés parmi les ours en Alaska, sans armes, pour réaliser des films de sensibilisation pour la protection des ours, mais aussi par désir de partager leur vie. Sa compagne et lui ont été tués par un ours en 2003.
Dans un village vegan, le travail des activistes devient de plus en plus difficile car toutes les nuits, des RG qui se font passer pour de simples activistes s'organisent et décident de mettre en garde à vue un activiste. Heureusement, la pirate informatique veille, ainsi que l'agent double. L'avocat peut intervenir dans un sens ou un autre. Les clans se forment et tous les jours, un lynchage public est organisé et la personne soupçonnée à la majorité est bannie du village. Seuls les amoureux s'en fichent, le site vegecontact.com les ayant sélectionnés pour leur compatibilité amoureuse parfaite...
Date/Lieu :
Le centre de Parménie ne sera pas disponible l'année prochaine. L'année dernière, lorsqu'on ne savait pas si on pouvait avoir Parmenie pour 2009, on avait trouvé un lieu intéressant en Normandie : Keranne. La description de ce lieu se trouve sur le wiki. Il faudrait appeler pour savoir à quelles dates c'est disponible. D'ailleurs, on a un peu discuté sur l'opportunité de changer les dates des Estivales pour différentes raisons (principalement, le fait que les médias sont morts en août et le fait que c'est plus difficile d'organiser en août car il arrive que les organisateurs aillent en vacances et n'aient pas accès à Internet).
Participation :
Le décompte des fiches d'inscription donne 66 participants et 233,5 journées-personne, ce qui montre une petite baisse de participation en comparaison à l'année dernière (75 participants et 324 journées-personne - voir le bilan matériel 2008). Cette baisse s'explique par le retard dans l'envoi des infos (la première lettre a été envoyée le 24 juin !) et par la coïncidence de dates avec le festival Cri de la Carotte.
Parmi les participants, les militants étaient prépondérants, alors qu'un des buts des Estivales est d'avoir un public diversifié. Il a été proposé d'élargir la diffusion des infos à des listes/forums non animalistes (p. ex. les forums de philo, ou ceux associés aux magazines culturels).
Vie collective :
Plusieurs propositions ont été faites pour améliorer l'organisation pratique de la semaine :
- ajouter la rédaction du compte-rendu et la gestion du respect des horaires dans le tableau des tâches ;
- désigner des coordinateurs pour les tâches complexes (p. ex. une personne qui suive le stock de nourriture et organise les courses en conséquence) ;
- faire impérativement une vraie réunion de présentation/organisation le premier jour (en fin d'après-midi) ; bien expliquer que les réunions quotidiennes d'organisation sont obligatoires pour tout le monde et insister sur l'importance de la propreté (p. ex. débarrasser les tables, ne pas laisser des mouchoirs partout, etc.) ;
- sur le site, dans la partie sur les chiens, demander aux personnes qui amènent des chiens d'apporter leurs gamelles ;
- désigner un coin pour passer la soirée loin des dortoirs, pour réduire le bruit nocturne (en fonction du lieu) ;
- présenter les nouveaux arrivés à chaque réunion d'organisation ou avant chaque événement pour favoriser leur intégration ;
- proposer aux personnes qui apportent du matériel militant de l'annoncer lors des réunions (pour expliquer si c'est gratuit ou non, etc.)
Nourriture :
Nous avons recueilli plusieurs remarques critiques sur la nourriture : pas bio, sucre blanc mauvais pour la santé... Étant donné que les critères (éthiques, diététiques, etc.) sur la nourriture sont très variables suivant les opinions personnelles et qu'il est impossible de satisfaire tout le monde, on adopte le principe selon lequel ce sont les personnes qui font les courses qui prennent les décisions. Il faudra spécifier sur le site et sur la lettre d'info que les participants qui souhaitent que certains principes soient respectés doivent participer à l'organisation des courses (ou s'engager à apporter le produit qu'ils préfèrent : p. ex. Joëlle, qui a soulevé la question du sucre blanc, s'engage à apporter du sucre de canne).
Quant au rajout de vitamine B12, ça s'est bien passé.
Déroulement des discussions :
On constate une difficulté à respecter le tour de parole et à rester dans le sujet lors des discussions. Propositions :
- désigner un vrai modérateur, qui interviendrait en cas de déviation du sujet ;
- établir un code de signes spécifiques pour les différents types d'intervention (nouvelle remarque, ou réponse à une remarque d'autrui, etc.) : Yves prépare une proposition de signes ;
- rappeler les règles de discussion avant chaque débat ;
- donner la priorité aux personnes qui demandent la parole pour la première fois.
Programme 2010 :
Il faudra éviter de démarrer avec un sujet trop spécifiquement militant (comme le débat sur le véganisme). En plus du tableau avec les titres des événements, ce serait utile d'imprimer les présentations détaillées.