Estivales de la Question animale

24 juillet 2012 - Veglorraine

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Présentation de VegLorraine et discussion autour du militantisme local

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VegLorraine

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Retranscription écrite :

La création a eu lieu en 2006, sur un forum, créé par Brigitte et Sébastien de L214 + TrOon de Vegnord, pour parler de végétarisme.

A partir de septembre, il y a eu des actions fréquentes à Metz, Nancy et Epinal, les trois grandes villes de Lorraine. La question de devenir une association s'est posée. Cela allégeait L214 de toutes les lourdeurs administratives et ça donnait plus de légitimité au collectif. Les statuts ont été déposés en sept 2009.


L'association a pour but de promouvoir le végétarisme, végétalisme, véganisme et d'informer sur la condition animale et les alternatives végés. C'est une démarche abolitionniste mais on ne proscrit pas les actions ciblées.

Au niveau des actions, on relaie les journées et les semaines mondiales : journées sans viande, abolition de la viande, SMAL, journée du spécisme...

On relaie les actions nationales, comme la campagne Monoprix d'L214, on relaie des actions de One Voice. On a été présent pour la marche pour la fermeture des abattoirs, l'élevage des 1000 vaches à Amiens, récemment. Également au projet de viande.info, organisation d'un barbecue végétarien à Metz Plage en 2010, qui a eu un certain succès. Au niveau régional, on organise beaucoup de stands d'information où on distribue des documents sur le végétarisme/lisme. Des veillées funèbres, des mises en scène avec des déguisements (des laborantins avec des costumes de lapins, par exemple, pour marquer le public).

Pendant un moment, il y avait au moins une action par mois. Maintenant, ça s'est restreint. A Épinal, il n'y a plus de groupe. On organise des repas, des pique-niques ouverts à tous. Le plus gros repas est à la suite d'une manifestation contre le carnage de Noël, il y avait 80 personnes, à peu près.


Au niveau matériel, on a investi dans une badgeuse professionnelle, on n'a pas encore de tonnelle.


Perspectives d'avenir


Multiplier les différentes mises en scène, faire des plus grosses actions avec des visuels vraiment marquants, pour changer des stands d'info classiques où le public vient à nous. Là, c'est nous qui viendrions vers le public. On pourrait faire intervenir les passants en les interpellant. On a un projet avec Animalsace pour faire de grosses actions communes. On viendrait en Alsace, ils viendraient en Lorraine. On voudrait aussi développer des conférences pour faire avancer le débat, des projections de films, fédérer plus de membres sur le terrain pour faire des actions plus imposantes, créer un tee-shirt à l'effigie de Veg'Lorraine pour les vendre au profit de l'asso pour récolter des fonds.

On utilise facebook pour créer des événements et partager les informations. On a aussi un tract d'information pour distribuer aux gens dans la rue.


En ce moment, on n'a pas assez de gens pour organiser les actions. C'est un problème de motiver les personnes. La presse ne vient plus nous voir, alors qu'on fait des communiqués.

Est-ce que provoquer est un bon moyen de militer ? Par exemple, les actions chocs comme les actions barquettes sont un bon moyen ou faut-il être plus soft et ne pas montrer l'horreur directement ?


Élodie : les actions barquettes interpellent les gens et les met face à leur hypocrisie : ils voient tous les jours des animaux dans les barquettes, mais là ça les choque. Des fois, on peut être confrontés à des actions violentes.


Anou : Quand vous faites des stands, est-ce que vous récoltez les e-mails pour informer les gens des prochaines actions ?


Nathalie : On fait plutôt l'inverse car ils doivent s'inscrire sur le forum d'eux-mêmes pour être informés.


Anou : Concernant la presse, pour qu'elle s'intéresse il faut que l'action soit nouvelle, sorte de l'ordinaire et soit choquante. Le troisième critère est qu'il y ait de nombreux participants.


Hélène : A-t-on le droit en France d'aller dans les écoles faire des interventions ? N'est-on pas dans une phase où il faudrait ouvrir le maximum de restaurants végétariens ou vegans ?


Nathalie : Oui mais selon les régions, c'est délicat. En Lorraine, il n'y a aucun restaurant végétarien.

Le plus proche est à Strasbourg.


Tipi : Ne trouvez-vous pas qu'il y a un paradoxe dans la manière de mener des actions ? Vos actions sont choquantes et à côté vous avez une démarche passive : vous attendez que les gens donnent leurs mails, se déplacent. Le téléachat fait exactement l'inverse. Votre stratégie de communication est très molle, ce n'est pas très cohérent. Il faudrait faire une campagne de communication aussi agressive que l'action. Par exemple, une personne s'arrête, on lui fait un petit discours, on lui demande son numéro, ce qu'elle pense de tout ça.


Nathalie : C'est comme les gens d'assos qui demandent de l'argent de façon très agressive. Notre démarche est davantage de faire réfléchir et de les amener à la réflexion par la discussion. Je ne suis pas pour le forcing car les gens ont plus de chance de se braquer. Le téléachat, c'est acheter des produits. Nous on leur demande d'arrêter un certain plaisir, pas d'acheter pour se faire plaisir. La démarche n'est pas applicable.


Bénédicte : Concernant les interventions dans les écoles, on a été contactés par un prof de philo pour intervenir dans les écoles. Ce qu'il faudrait faire, c'est éplucher les programmes scolaires et se glisser dans un programme, faire un tract intello qui correspondrait au programme.


Yves : Les médias ne vous relaient pas, savez-vous pourquoi ? Pourquoi vous appelez-vous Veg'Lorraine, alors que vous vous rassemblez plutôt sur la question animale plutôt que sur le végétarisme ? Avez-vous défini une stratégie politique, privilégiez-vous des types d'intervention en particulier ?


Nathalie : Pour ce qui est du nom, le « veg » fait référence au véganisme et concerne tous les sujets. Les journalistes ne viennent pas, peut-être par lassitude. Si on fait une mise en scène, comme une veillée funèbre, ils viennent pour les premières et après ils ne viennent plus. Comment contourner cela ? Créer de la nouveauté à chaque fois pour les attirer, peut-être.


Anou : Quand on lie notre information avec l'actualité, il y a plus de chances que les médias viennent.


Nathalie : On se réunit fréquemment pour discuter. Il y a toujours le débat entre ceux qui disent qu'il faut être soft et d'autres qui disent qu'il faut être trash. Du coup, on fait les deux. On essaie de travailler sur l'aspect visuel pour toucher d'autres personnes.


Élodie : Combien êtes-vous dans l'association et combien d'actifs ?


Nathalie : On est trois membres du bureau, on est une dizaine de membres, mais tout le monde n'est pas actif et la plupart des personnes actives ne sont pas membres de l'association. On arrive à se retrouver à dix avec une pointe de trente personnes une fois pour une action cirque.


Ghania : Comme L214 avez-vous des tracts pour faire connaître l'association ?


Nathalie : Oui, on en a un.


Ghania : Il faut aussi voir avec la mairie pour vous faire connaître.


Nathalie : Surtout que le maire de Metz est végétarien.


Ghania : Quand vous faites des stands, expliquez qu'on peut faire soi-même du dentifrice, du savon.


Nathalie : On mise surtout sur les alternatives existantes mais ça peut être aussi intéressant. Quand on propose des plat, des dégustations, on propose aussi les recettes pour que les gens puissent les refaire chez eux.


Yves : Vous participez à des actions d'asso nationales comme One Voice, la PMAF, L214 ?


Nathalie : Oui, on commande des tracts à OV, on participe à leurs actions, on relaie les campagnes de International Campaign. On ne travaille pas à la PMAF car ils ne veulent pas entendre parler de végétarisme.


Hélène : Si ça ne marche pas chez vous, pourquoi ne pas déménager ?


Nathalie : Les personnes actives habitent dans la région, donc autant essayer d'impulser des choses à cet endroit-là.


Baptiste : Quand on ne se sent pas fort, il suffit d'avoir deux personnes motivées pour recouvrir la ville d'affiches. En deux ou trois soirs, la ville est tapissée d'affiches.


Nathalie : Oui, on l'a déjà fait.


Véronique : J'ai laissé des coordonnées à des associations comme Animalsace et je n'ai pas eu le moindre contact, je n'ai pas été sollicitée pour participer à des activités.


Soledad : Les actions sont organisées sur un forum, quelqu'un lance une action sur le forum et les gens inscrits décident ou non de participer.


Nathalie : Quand les personnes nous laissent un mail, on renvoie un courrier par la suite.


Anou : Quand une action est communiquée sur le forum, il faudrait envoyer un email aux gens pour les informer des actions.


Nathalie : Les personnes qui nous laissent leur contact, sont intéressés pour aller sur le terrain.


Yves : Essayez-vous de lier des partenariats avec d'autres types de réseau (écolo, humanistes...) où il y a interconnexion des problèmes ?


Nathalie : On avait organisé un forum social et on n'a pas renouvelé le partenariat mais c'est une idée intéressante.


Raphaël : Être sollicité par mail est un plus par rapport aux actions, c'est irremplaçable.


Nathalie : On mise sur le forum car quand on ouvre un sujet, on attend que l'action se construise avec tout le monde. Si on prévoit quelque chose d'envergure mais les personnes ne viennent pas, on sera contraint d'annuler l'action. C'est pourquoi on privilégie le forum.


Hélène : Il y a un essoufflement car le végétarisme rentre dans les mœurs, mais si on va plus loin, comme l'abolition de la viande, on est plus isolé mais on a plus envie de s'investir.


Nathalie : On ne se présente pas comme une association végétarienne mais une association pour la libération animale. Sur notre logo, c'est écrit « Veg'Lorraine » et « Libération animale ».


Yves : Depuis que vous êtes actifs, vous voyez une évolution dans la façon dont les gens voient les actions, et une évolution sur votre façon de faire ?


Nathalie : Oui, on voit que les gens sont plus ouverts à la discussion. Parmi ceux qui sont là depuis le début, on est peu. Les gens se renouvellent, il y a peu de persistance. Personnellement, je suis de plus en plus à l'aise donc je vais oser plus de choses, savoir comment rebondir sur telle ou telle phrase, tenir une discussion plus efficacement qu'avant. Dans notre stratégie d'action, on ose plus de choses, on ne se contente pas d'un stand d'information pur et dur alors que c'était l'action qu'on faisait le plus avant.


Élodie : Est-ce que vous filmez vos actions ?


Nathalie : On ne filme pas très souvent mais les photos sont systématiques. On les partage sur un forum d'adoption lorraine, et avant sur rescue, un autre forum d'adoption mais j'ai arrêté car ça ne donnait rien.


Élodie : Je pense que quand je partage les vidéos, même s'il n'y a pas plus de personnes sur le terrain, ça motive d'autres groupes ailleurs en France.


Anou : Serait-ce possible d'avoir des exemples d'actions de mise en scène ?


Nathalie : Pour la SMAL, on avait déguisé des gens en laborantins qui poursuivaient des lapins dans les rues de Metz et derrière des personnes distribuaient des tracts. On a fait des actions barquette.


X : Il faut s'attaquer aux cibles très médiatiques, par exemple, contre le halal, avez-vous fait quelque chose ?


Nathalie : On n'a pas voulu car on est contre l'abattage en général, pas seulement le halal.


[Gros débat d'une heure : faut-il parler du halal ?]


Raphaël : Il y a la question de l'action choc et celle des journalistes. Rentrer dans le jeu du médiatique, du spectaculaire est forcément perdant ; par contre, je reste convaincu qu'il faut de plus en plus diffuser des images de ce qui se passe dans les abattoirs, même si ça fait augmenter le niveau d'agressivité ambiant.

Jamais ces images-là ne seraient dans le champ du photographe, quand bien même il viendrait, mais l'action serait percutante, simplement en montrant la réalité.


Éric : Lutter pour l'abolitionnisme, c'est s'attaquer à une montagne. Il faut s'attaquer à la croyance selon laquelle la viande est nécessaire. (cf. Melanie Joy et ses travaux sur le carnisme). C'est utopique de travailler au bien-être animal et c'est une montagne de s'attaquer au carnisme.


Nathalie : C'est une démarche globale, il faut allier les deux démarches.


Cristophe : Les actions choc peuvent aussi créer un mur, créer le déni de la souffrance animale, les gens peuvent penser qu'on exagère, qu'on montre le pire.


Éric : Il y a un travail psychologique à faire aussi pour parler aux gens.

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