Estivales de la Question animale

27 juillet 2012 - David Olivier

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Le spécisme absolu

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Introduction par l'auteur

Se développe depuis plusieurs années en France comme ailleurs la conscience du fait que les intérêts des animaux non humains ne comptent pas pour zéro. On en vient, en particulier, à accepter de manger moins de viande «pour l'environnement, les animaux et la santé humaine». Pour positive qu'elle soit, cette avancée laisse en place cette «évidence» selon laquelle les intérêts humains, dès lors qu'ils entreraient en conflit avec ceux des animaux non humains, sont très largement prioritaires. Faut-il oser dire que même si l'élevage et la pêche étaient bons pour l'environnement et la santé humaine, il faudrait les abolir? Même si cette abolition avait un coût important pour les humains? Faut-il oser mettre les humains et les autres animaux sur un pied d'égalité?

Il me semble important dans ce contexte de revenir sur la notion de spécisme. L'antispécisme est un mouvement politique concret et pluriel. Dès lors, les termes «spécisme» et «antispécisme» sont marqués des sens souvent divergents que leur donnent les acteurs concrets. Mais ce sont aussi des termes de philosophie éthique. J'examinerai donc le concept de spécisme dans sa définition la plus dépouillée, celle du spécisme dit «absolu» (James Rachels) ou «sui generis» (David DeGrazia). Le spécisme absolu affirme que le statut éthique d'un être dépend, sans autre justification, de son appartenance d'espèce, et typiquement de son appartenance ou non à l'espèce humaine.

J'argumenterai trois points:

Pour ces raisons, je pense que nous devons oser affirmer l'égalité animale.

David Olivier, militant antispéciste progressiste

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David Olivier

Lire l'article correspondant, « Le spécisme proprement dit », déjà disponible mais en cours d'achèvement sur le site de David Olivier lui-même.

Retranscription écrite (Merci à Sarah) :

63 personnes


Le spécisme proprement dit serait un titre plus clair que le spécisme absolu.


La définition que je veux donner du spécisme : le spécisme est l'idée selon laquelle l'espèce d'un être constitue en soi un critère éthique valable.


Cette définition doit convenir à l'ensemble du mouvement dans sa diversité. Le mouvement animaliste est traversé par des sensibilités, des courants divers et variés et chaque sensibilité a tendance à s'approprier le spécisme en mettant le mot à sa cause. Par exemple, le courant droits des animaux va dire qu'il est spéciste de ne pas donner les mêmes droits à un animal ou à un humain. Je pense que ce sont des définitions partisanes, même si elles peuvent être justes dans certains cas.


Deux termes peuvent être vus comme le contraire du spécisme, mais il faut les distinguer.


Le non spécisme : le fait de ne pas voir l'espèce comme critère éthique valable, sans forcément s'y opposer, par exemple, quelqu'un qui serait prêt à manger les humains comme les animaux.

L'antispécisme : combattre l'idée selon laquelle l'espèce d'un être constituerait un critère éthique valable.

On a utilisé ce terme en France à partir des années 90. Je me dis antispéciste. On peut avoir des critères éthiques complètement erronés mais qui ne soient pas spécistes. L'antispécisme n'est pas l'alpha et l'oméga de l'éthique.


Critère éthique


Éthique est un terme qui concerne la réflexion sur l'action juste, pour moi, nos actes. Pour d'autres, c'est la question de l'attribution de droits aux êtres, d'autres le voient comme l'attribution du statut ontologique des êtres (=est-ce qu'un être supérieur à un autre ?)

Malgré ces divergences sur la question de l'éthique, on fait toujours intervenir le statut moral des êtres. En tant qu'utilitariste, je cherche à accomplir des actes justes, donc je regarde l'intérêt des êtres concernés. D'autres vont se demander quels sont les êtres qui possèdent des droits/une dignité...

Ça peut faire changer la définition du spécisme.


L'espèce


Quand on parle de spécisme, on parle des différences entre les membres de l'espèce humaine d'un côté et les autres animaux. L'espèce est une notion biologique. En biologie, la notion d'espèce est contestable, mais aussi extrêmement pauvre. Deux êtres appartiennent à la même espèce quand ils ont le même pool génétique. La différence entre deux espèces correspond à des situations différentes : deux chiens, un chiwawa et un Saint Bernard sont différents biologiquement mais appartiennent à la même espèce, idem avec un têtard et une grenouille. On se focalise sur la notion d'espèce alors qu'elle est juste n'importe quoi qui fait que deux individus ne sont pas capables de se reproduire entre eux.

Si on prenait au sérieux les notions biologiques d'espèce (il n'y en a pas d'autres que biologiques), on devrait mettre sur le même plan un être humain et un spermatozoïde.


En soi


C'est quelque chose de très important. Toute éthique aura nécessairement des critères de discrimination (= faire une différence entre deux choses, pas forcément arbitraire). Cette expression, « en soi » doit se comprendre comme : les notions d'espèce ne doivent pas faire des différences mais sont corrélées à des choses qui doivent faire des différences.


Cas marginaux


Questions traitées par Singer ou Regan.

Les êtres humains handicapés profonds sont clairement sentients mais ne dépassent pas un niveau de développement intellectuel/émotionnel/relationnel d'un enfant de six mois. On peut dire qu'ils n'ont pas plus d'intelligence que bien des animaux non humains. On peut aussi citer les nourrissons (cf. Bentham) mais aussi nous plus tard, quand on sera séniles.

La caractéristique liée à l'espèce est vraie en grande partie mais est loin d'être vraie de façon absolue. Quelqu'un qui dirait « les humains sont plus intelligents donc comptent plus que les autres » devrait accepter que, puisqu'on mange les cochons, on pourrait manger les humains handicapés profonds. Or, les spécistes ne le disent pas.


On reproche aux antispécistes de faire une discrimination selon les frontières de règne (végétaux/animaux). Pourquoi les antispécistes s'occupent des animaux et pas des végétaux ? Il y a une caractéristique qui fonde une distinction valable : la sensibilité. Si je ne m'intéresse pas aux végétaux, la caractéristique éthique n'est pas le règne, c'est la sentience, même si cela correspond.

Il y a aussi les animaux qui ne sont pas sentients. Par exemple, je pense qu'un embryon de trois jours n'est pas sentient. Il reste un être humain mais son statut éthique n'a rien de différent avec celui d'un géranium ou d'un caillou.


Être


Je ne considère pas que les espèces sont égales, il est question d'individus. Je ne donne pas de statut moral aux espèces. Je ne leur attribue pas d'intérêt de la même façon que je ne considère pas que la France possède un intérêt, même si les êtres qui y habitent en possèdent, eux.


***


Quand j'ai posé cette notion d'espèce en tant que critère éthique, je voulais montrer que cette notion est un tigre de papier. Personne ne défend le spécisme tel qu'il est énoncé ici, alors que les gens s'y agrippent énergiquement.

« Il faut traiter de manière semblable des cas semblables », règle qu'on connaît depuis Aristote et qui met quasiment tout le monde d'accord. Si on veut traiter différemment des êtres, il faut citer des différences entre eux qui justifieraient la différence de traitement.

Qu'est-ce qui constitue une différence pertinente qui justifierait une différence de traitement ? Certaines personnes trouvent que l'innocence et la culpabilité justifient une différence de traitement pertinente, par exemple, et sont pour la peine de mort (tuer des coupables mais interdire le meurtre d'innocents).

Un point commun entre ces différents critères est que des gens argumentent pour prouver que ces critères sont pertinents. En revanche, personne ne tente d'argumenter pour dire que l'appartenance à un pool génétique commun est un critère qui doit changer le statut des êtres. Je n'ai jamais vu d'argumentation qui cherche à partir de la notion d'espèce qui dirait : « parce que deux êtres sont capables de se reproduire avec moi, je dois respecter leurs droits », d'autant plus que les esprits éthiques humanistes sont censés se placer au-dessus de la biologie. Comment veulent-ils passer par le biologique pour justifier la différence de traitement ?


Jeannine Chanteur, auteure anti-animaux : « tout être né d'un homme et d'une femme a par nature le droit d'être un être humain. » C'est absurde par nature : personne ne conteste l'appartenance à l'espèce humaine de quiconque.

Malgré les fioritures, l'appel à l'émotion, il y a zéro argumentation dans ce propos.


Pourquoi la communauté d'espèce fonderait-elle une solidarité ? De nombreux animaux tuent/mangent des membres de leur propre espèce (mantes religieuses, lions, gorilles, poissons...)


Les spécistes ne savent pas quelle est leur position réelle. Ils sont incapables de se fixer sur un critère. Dès qu'on met le doigt sur un critère de l'espèce, ça s'effondre. C'est un outil extrêmement fort d'un point de vue argumentatif.

Une première chose qu'on peut dire aux spécistes, c'est qu'ils sont irresponsables. Ils basent quelque chose d'énorme (l'élevage et l'abattage d'êtres sentients dans le monde) sur des nuages.


Le statut de cette définition


Quand on utilise cette argumentation, on démolit les positions spécistes mais on ne propose pas un autre critère à la place. On doit pouvoir dire « votre système ne marche pas ; collectivement, essayons de bâtir des critères alternatifs, qui ne sera pas fondée sur l'espèce. » Ce n'est pas aux antispécistes de proposer un kit philosophique tout prêt. La société tout entière doit accepter de se reconstruire sur d'autres bases. Nous devons d'abord revendiquer notre droit pour dire : « notre système ne marche pas. »

Tous peuvent reconnaître que le spécisme ne marche pas.


La réfutation du spécisme selon cette définition, n'est pas la réfutation du mal en général. L'antispécisme n'est pas l'alpha et l'oméga du bien. J'entends souvent dire que l'antispécisme englobe souvent la lutte contre le racisme, le sexisme, etc. C'est faux, même s'il y a une logique similaire.


La réfutation du spécisme n'est pas non plus de dire : tous les êtres sont égaux. Aucune discrimination sur la base de l'espèce en soi ne peut être accepté.

Pour terminer, c'est une définition que les gens oublient. Certains groupes ou philosophes s'approprient le mot antispécisme. Francione a traité de tous les noms Singer car ce dernier est d'ac pour dire qu'il faut respecter la vie de ceux qui ont une conscience de soi alors que les êtres sentients qui ne l'ont pas n'ont pas ce droit au respect. Quand F. dit que S. est spéciste parce qu'il a cette position, il s'approprie le terme « spécisme ».

Je tiens à ce que personne ne s'approprie sur les bases d'une théorie particulière et élaborée les bases de l'antispécisme.


La définition que j'ai donnée devrait suffire.


Le caractère abstrait de cette définition


La question du spécisme et de l'humanisme est complexe, a des ramifications liées à l'imbrication du spécisme mais ne sont pas identiques. Il ne faut pas dire que le spécisme est nécessairement lié à un statut essentialiste sur l'espèce.

On a le droit d'aller au-delà mais sans oublier qu'à la base cette définition apporte beaucoup, notamment au niveau argumentatif.


Débat


Isabelle : J'ai des doutes sur la puissance de l'argumentation logique. Pour l'homophobie, c'est pareil, la sexualité n'est pas un critère valable. C'est toujours des critères comme la survie de l'espèce, la nature... On a gagné par une lutte qui n'était pas une lutte logique. Il y a un autre enjeu. S'ils ne veulent pas entendre que le critère n'est pas valable, c'est parce qu'il y a un enjeu de pouvoir.

On m'évoque souvent les droits de l'homme pour dire que l'antispécisme est dangereux. Grâce au sacrifice d'une autre espèce, il y a une amélioration. La question éthique est dure à poser. C'est logique mais les gens s'en moquent.


Dominique : Quand on veut répondre à ceux qui mangent de la viande en terme de logique, il faut se dire qu'ils ne mangent pas de la viande d'un point de vue intellectuel. Il y a une dimension fantasmatique et irrationnelle dans la consommation de viande et cela est difficile à attraper avec des arguments rationnels. De plus, les gens culpabilisent et développent des mécanismes de défense.

Il faut montrer « le tigre de papier » et s'attaquer à ce jeu de pouvoirs.


Hélène : L'antiracisme et l'antispécisme sont des combats similaires car la frontière sur laquelle repose la discrimination est une frontière arbitraire, irrationnelle. Souvent, on fait subir aux sans papiers des traitements scandaleux au seul prétexte qu'ils n'ont pas de papiers. Au sein de la même espèce, on va légitimer un traitement différent. Ces combats sont les mêmes. On peut discuter sur des bases rationnelles mais on se heurte à des réponses irrationnelle.


DO: Concernant l'utilisation des arguments rationnels/touchent à l'émotion, il y a le côté ou/ou. Ce que j'ai dit plusieurs fois pendant l'intervention, c'est ce que je disais n'excluait pas d'autres façons de combattre. Si on regarde une société globalement, il y a plein d'instances d'argumentation au niveau des jeunes intellectuelles curieux, il y a l'argumentation envers les personnes établies dans la vie, celle des stands, les actions, etc. Il n'y a pas une approche unique. C'est parce qu'on a cette vision apolitique, qui ne cherche pas à changer la société tout entière, on voit les arguments comme étant concurrents. Au niveau de notre répertoire argumentatif, il n'y a pas une différence avec les arguments.


Sur ce que disait Hélène, sur l'identité entre combat antiraciste et antispéciste. Le critère de nationalité d'un être qui dépend du hasard de sa naissance n'est pas un critère éthique valable. Je suis d'accord sur le fait qu'il y a des logiques communes et très semblables. Mais je trouve important de dire que formellement, ce n'est pas la même argumentation.


Yves : Un discours rationnel, construit, logique, a plus de sens que ce qu'on imagine. Personne n'a plus l'habitude d'argumenter alors qu'on est dans une société basée sur la raison. On peut convaincre une personne de changer sur cette question en une heure avec une argumentation de l'ordre de ce que tu as fait, David. On ne le fait pas car on n'a pas appris à faire des raisonnements alors qu'on est tous sensibles à la justesse des idées.


DO : Cette argumentation a beaucoup participé à me convaincre.


Sylvain: La discrimination est un terme sociopolitique connoté qui renvoie à une différenciation arbitraire. Il y a des termes comme différenciation qui sont moins marqués. Par rapport aux relations qui peuvent se crisper, il y a une notion qui s'appelle la concupiscence, qui est peut entendue et centralise beaucoup de tensions pulsionnelles.


Karine : David, comment réponds-tu à l'argument selon lequel le spécisme existe aussi chez les animaux ?


DO : Le spécisme, selon cette définition, non. La notion d'espèce n'est pas une frontière qui dans le monde vivant a autant de pertinence que ça. Les animaux raisonnent envers les autres comme des concurrents qui vivent dans les mêmes niches écologiques qui peuvent être de leur espèce ou non.


Isabelle : La meilleure réponse est de dire : même si les animaux étaient spécistes, en quoi ce serait un modèle pour nous ?


Yves : Le gros problème pratique sur une argumentation comme ça, c'est qu'à la fin on se retrouve confronté à une sorte de nébuleuse qui est l'idée de l'espèce. Les gens font un va-et-vient entre cette idée d'espèce et des caractéristiques qui lui sont associées.

Ils invoquent une nature qui n'a pas besoin d'exister réellement. D'une certaine façon, cette idée de nature est conçue pour annihiler tout raisonnement logique. Elle permet de remplacer des raisonnements par des sentiments diffus dans lequel se mêle l'appartenance mystique à un ordre.

L'argumentation antispéciste demande à monopoliser beaucoup d'énergie.


Isabelle : Le spécisme, particulièrement la citation de Jeannine Chanteur, c'est aller dans l'argumentation de mauvaise foi pour maintenir les privilèges, ne pas reconnaître que ce qu'on a fait jusqu'à présent n'est pas terrible. Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage.


XX : Par rapport à l'antispécisme, il y a de nombreuses personnes qui se réclament de la défense animale mais qui ne l'intellectualisent pas, c'est un ressenti profond. Ils ne l'argumenteront pas de la même façon. Deuxième chose, sur les motivations ethnicistes ou racistes, on sait que dans la défense animale il y a beaucoup de gens d'extrême-droite.


Sylvain : Je suis d'accord avec toi. C'est difficile de rebondir dans une discussion. Les arguments traditionnels font que c'est difficile de faire passe un ressenti, de remettre en question un ordre établi. J'aimerais bien qu'on me cible des leviers pour m'aider.


Killian : Sur l'idée que les animaux sont spécistes entre eux, c'est un argument avancé depuis toujours sur les esclavagistes : ils disaient que les africains qu'on a viré de leur tribu faisaient des guerres, s'entretuaient, on les a sauvés d'eux-mêmes.


Dominique : On parlait de l'agressivité entre espèces. Il y a aussi l'identité de l'homme, comme le vit un enfant dans son développement, il construit du sentiment d'appartenance avec ceux qui lui ressemblent, du avec, et en même temps, il crée du contre. C'est une étape passagère pour construire son identité. L'être humain a peur de perdre ce qui ferait sa spécificité : s'il a tant de choses semblables avec les autres animaux, ça lui donne le vertige. On est dans une culture judéo-chrétienne. Tout le monde croit qu'on doit être bon avec son semblable, celui qui nous ressemble. Dans la tradition bouddhiste, on fait des prières sur tout ce qui vit. Les cultures peuvent jouer un rôle d'appareil à penser collectif. On vit dans des appareils à penser dont on a difficilement accès aux racines.


Yves : Tu parles du sentiment d'appartenance à une conscience. Je ne le ressens pas et dans mon rapport au monde, c'est plutôt une solidarité avec les autres qui m'en rapprochent. En fait, j'ai l'impression de chercher une grande appartenance, l'Animalité ou le principe de la Vie, c'est essayer de trouver quelque chose qui donne de l'importance aux autres, plutôt que de donner directement de l'importance aux autres.


Romain : On parle d'antispécisme de façon abstraite mais je me pose la question d'une société antispéciste. Je pense à une société qui ferait en sorte que les animaux vont à la justice, à la protection. Si un animal est mort sur la route, est-ce qu'on mettra des moyens en œuvre pour savoir quelles sont les causes de sa mort ? Est-ce qu'on ferait des marches dans les bois pour savoir s'il y a des animaux blessés ? Un antispécisme radical serait intenable.


Sylvain : S'il y a la demande, après il y a l'offre. Pourquoi pas ?


David : Tu es dans la vision constructive de ce qu'on met à la place. Je pense que les questions que tu poses sont importantes, que la souffrance d'un animal sauvage est aussi importante que celle d'un animal domestique. Mais d'une part, politiquement, même s'il ne s'agit pas de cacher ces questions, il faudrait les faire prendre en charge par la société tout entière. D'autre part, à l'impossible nul n'est tenu, ça vaut aussi en éthique.

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